Le Portugal dispute la 8e Coupe du Monde de son histoire, la 6e Coupe du Monde consécutive. Parmi ces participations, il est impossible d’oublier celles de 1966 et de 2006, d’autres en revanche ont été calamiteuses et sont de lointains souvenirs. Retour sur les différentes campagnes de la Seleção.
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(Propos recueillis par le journal Expresso) En 1966, le Portugal se qualifie pour la première Coupe du Monde de son histoire après une phase de qualification épatante. La Seleção avait terminé première de son groupe devant la très puissante Tchécoslovaquie, la Roumanie et la Turquie. Emmenée par un certain… Eusébio (meilleur buteur de la phase de qualification), la sélection Portugaise est arrivée en terres de sa Majesté avec le statut d’outsider. Il est vrai que par les prestations de ses clubs, le Portugal devait arriver à un moment où un autre à la Coupe du Monde. Benfica était l’un des meilleurs clubs d’Europe de 1961 à 1968 avec notamment deux victoires en Coupe des Champions (C1) et le Sporting avait remporté la Coupe des Coupes (C2) en 1964. Le Sporting avait d’ailleurs fourni à cette sélection 8 joueurs, suivi du Benfica avec 7 joueurs. Après trois amicaux réussis, le Portugal est entré en scène face à la Hongrie, une des meilleurs sélections du Monde à l’époque. La sélection est bien entrée en jeu avec un but de José Augusto dès la 1e minute. Malgré l’égalisation hongroise en deuxième période, José Augusto et Torres marquent et donnent la 1e victoire du Portugal. La confiance est arrivée avec la 2e rencontre, contre la Bulgarie, face à l’adversaire théoriquement moins compliqué. Score sans appel du Portugal (3-0) et premier but de la compétition pour Eusébio (suivi d’un autre but de Torres). Pour le dernier match de la phase de poules, le Portugal affronte alors le Brésil de Pelé, double champion du monde et tenant du titre ! Dos au mur à cause de leur défaite face à la Hongrie lors de la 2e journée, les brésiliens doivent battre le Portugal pour passer au tour suivant. Mais contrairement à ce qui était espéré par l’opinion publique de l’époque, c’est le Portugal qui a triomphalement battu l’escrete sur le score de 3-1 avec un but de Torres et un doublé d’Eusébio ! La rencontre a bien sûr été marquée par le duel Eusébio – Pelé, même si ce duel n’a pas été réellement à la hauteur car le brésilien jouait limité par une blessure qu’il avait souffert lors de la 1e journée.
Sans retirer le mérite à la sélection Portugaise, le Brésil de 1966 est une sélection en fin de cycle, sans rythme compétitif.
Viennent alors les 1⁄4 de finale où le Portugal affronte l’étonnante sélection nord-Coréenne qui venait de sortir la puissante squadra azzurra. En 25 minutes de jeu, les nord-coréens confirment les bonnes choses qu’ils ont montré au premier tour et mènent… 3-0 ! « L’équipe est entrée lentement dans la rencontre et pensait qua la rencontre était gagnée d’avance » rappelle Alexandre Baptista. « C’est difficile à expliquer. Sûrement un excès de confiance après avoir battu le Brésil parce que les coréens étaient petits et frêles physiquement » poursuit José Augusto. Bons techniquement et rapides, les coréens posent problème au Portugal. Néanmoins, un doublé d’Eusébio dans les 15 dernières minutes de la 1e période, redonnent un peu de couleur à la prestation Portugaise. Pas assez pour le sélectionneur Portugais de l’époque, Otto Glória, qui aurait dit la chose suivante à ses joueurs à la mi-temps : « Vous m’avez donné la plus belle joie en battant mes frères brésiliens et vous perdez avec une équipe de Walt Disney ? Allez là-dedans, mettez vos c**** à la gorge et mangez moi vivants ces coréens ! ». Eusébio comprit le message et inscrit 2 nouveaux buts (56e et 59e) et devint le joueur à marquer le plus rapidement 4 buts en un seul match de Coupe du Monde. Une prestation mémorable ! « Le football est un sport collectif mais si ce jour-là nous n’avions pas eu Eusébio nous n’aurions jamais récupéré » rappelle Fernando Peres. « Je me rappelle d’une action où Eusébio a pris le ballon dans notre milieu de terrain et a commencé à faire de la magie en passant par tout le monde, en prenant des coups, et finissant méchamment taclé dans la surface de réparation coréenne. Tout a volé, Eusébio et la balle ! Il s’est levé, a repris le ballon et même en boitant il a tiré et marqué le penalty ! » se souvient António Simões.
Face à l’Angleterre, pays hôte, le Portugal doit subitement jouer la rencontre à Londres alors qu’elle était prévue à Liverpool. Le voyage se fait la veille, en train… « Le changement de lieu de la rencontre a eu un impact négatif. Cela nous a affecté physiquement et mentalement » indique José Carlos. Simões rappelle également que le jour du match, « à cause des bouchons », le Portugal est arrivé très tôt à Wembley, ce qui a amené les joueurs à attendre « longtemps » et qui a augmenté leur anxiété.
La Seleção passe à côté de son match et s’incline au final 2-1 (doublé de Bobby Charlton). Eusébio, marqué implacablement par les anglais, a tout de même réduit sur penalty à 8 minutes de la fin mais c’était trop tard et le rêve Portugais se terminait là. Les larmes du « King » à l’issue de la rencontre resteront l’une des images fortes de ce Mondial 1966 (tout comme l’accolade entre Pelé et Eusébio). Le Portugal se console avec la 3e place du Mondial après avoir battu l’Union Soviétique et le prix de meilleur buteur pour Eusébio (9 buts). La sélection de cette époque reste la seule à avoir été si loin en Coupe du Monde et a été surnommée Os magriços en hommage à l’histoire racontée par Luís de Camões dans Os Lusíadas où Alvaro Gonçalves Coutinho qui avait pour surnom « O Magriço » et était allé en Angleterre au XIVe siècle avec 11 collègues pour défendre l’honneur de 12 dames anglaises qui ne trouvaient pas de cavaliers anglais pour le faire.